Comment perpétuer la mémoire des victimes du terrorisme et faire en sorte que leur combat ne soit pas vain? Telle est l’objectif de l’association des victimes du terrorisme de la wilaya de Blida, « Djazairouna ».
Créée le 17 octobre 1996 dans le but de défendre les intérêts matériels et moraux des victimes, ses premières actions ont été de prendre part aux enterrements des Algériennes et Algériens tombés sous les balles ou les couteaux des terroristes. « Car il faut rappeler, nous dit sa présidente Cherifa Kheddar, que durant les années noires du terrorisme, très peu de gens assistaient aux enterrements des victimes, soit par peur, soit par indifférence. Ce qui constitue en soit une seconde mort pour ces victimes. Casser la peur a été pour nous la première action d’envergure. »
Faire face à la détresse psychologique et matérielle a été le second grand axe de travail de l’association.
Un projet de prise en charge socio-psycho-juridique a été monté dans ce sens avec un financement multiple: ONG – institution de l’Etat avec l’aide de la SARP durant 4 ans. L’association a installé des cellules d’écoute, d’informations et d’assistance administrative, sociale, psychologique et juridique, ainsi obtenir pour ceux qui ont été touchés dans leur chair un suivi médical et psychologique, un logement décent loin du lieu du préjudice subi, un suivi scolaire pour les enfants, alléger les procédures administratives et judiciaires, rechercher les restes des disparus et les identifier par des tests d’AND et par tous les moyens dont dispose l’Etat, et enfin une juste réparation morale et financière aux préjudices subis
Mais le combat principal de Djazairouna reste la promulgation d’un statut particulier des victimes pour la protection de leurs droits matériels et moraux.
Autre projet de Djazairouna: la mise en place du centre « Dhakira ».
Financé par l’Union Européenne, ce projet a démarré en février 2007 pour une durée de deux ans. Il consiste en la réalisation d’un centre de documentation qui a pour objectif de défendre, bien sûr la mémoire des victimes mais aussi recueillir des témoignages sur les victimes, vulgariser les lois et les droits humains et promouvoir la citoyenneté pour endiguer les violences. Au terme du projet, une plate forme de recommandations des droits de la victime sera élaborée pour être présentée aux autorités.
La justice transitionnelle constitue un autre axe de lutte dans lequel Djazairouna s’est lancée corps et âme. Sa présidente explique: « Cette justice a représenté l’ultime recours d’une trentaine de pays de par le monde qui se sont retrouvés dans l’impossibilité d’instaurer la justice traditionnelle, vu le grands nombre de victimes et le grand nombre de criminels et qui ont fini par instaurer une alternative, permettant à leur pays d’avancer dans la transparence vers une paix durable : des commissions ‘vérité et justice’ devant lesquelles les coupables devraient se présenter pour avouer leurs crimes en échange d’une amnistie ou d’un aménagement des peines. C’est la seule issue à l’imbroglio politico-juridique dans lequel nous a mis la charte pour la paix et la réconciliation.»
Les rapports de Djazairouna avec les autorités dépendent des conjonctures. Ils sont en général bons en dehors des périodes où l’association prend des positions qui ne caressent pas dans le sens du poil. Cela va des dérogations que la formation professionnelle accorde aux enfants des victimes ( âge, qualification..) à la réservation par l’APC de quotas pour les colonies de vacances. Mais point de financement de l’Etat. C’est sans doute la rançon à payer pour l’autonomie et le politiquement incorrect. |