Si le bonheur de l’enfant se mesure à son sourire, alors celui du petit Hocine doit être immense tant son sourire est radieux. Il s’empresse de raconter toutes les merveilleuses choses qu’il a vues au cirque, « le cirque du lion » comme il l’appelle.
Hocine est l’un des heureux enfants auxquels l’association ‘El Ghaith’ a rendu espoir.
El Ghaith est le nom que se sont choisis les fondateurs de cette association de Bordj Bou Aréridj comme pour se tracer une destinée consacrée à secourir et rendre l’espoir à ceux qui en ont le plus besoin. Car étymologiquement, El Ghaith désigne à la fois le « secours » et les premières pluies après la sécheresse.
Elle a vu le jour 25 mars 1998, dans la commune de Hasnaoua, à une dizaine de kilomètre du chef lieu de la wilaya de Bordj Bou Aririj.
Interpellée par la précarité que vit la majorité des communes de BBA, dont souffre plus particulièrement les femmes et les enfants, ces « sacrifiés au profit de l’homme » selon l’expression que Monsieur Smail Izarouken, président de l’association, El Ghaith commence ses premières activités par l’opération « septembre de l’écolier », qui consiste à aider les enfants de conditions modestes à acquérir les fournitures scolaires pour leur permettre d’avoir une scolarité normale, « surtout les filles qui sont systématiquement sacrifiées au profit des garçons lorsque des choix ‘budgétaires’ sont à faire .»
L’opération a très vite connu un succès retentissant et a débordé les frontières de la commune de Hasnaoua pour arriver à toucher aujourd’hui pratiquement toutes les contrées de la wilaya.
Seconde grande réalisation de l’association: un atelier de confection au profit des femmes sans ressources démunies de Guemour, une localité située à 10 KM du chef lieu de la wilaya.
Ce projet, intitulé « Atelier de confection pour chefs de ménages et femmes sans ressources », a été lancé en 2004 dans le cadre du programme ONGI de l’UE. « Au lancement de ce projet, nous avons rencontré beaucoup de difficultés, dont la plus importante a été la réticence des familles à laisser sortir les femmes» nous dit Houria Belouahri, responsable du projet. Mais une fois surmontés les écueils de départ, le projet a connu un tel succès que face à la demande croissante, un atelier de tissage a été crée en extension au premier, créant ainsi une sorte de coopérative. Avec l’appui du fonds canadien.
Une convention avec le CFPA de la wilaya a permis à des femmes, notamment des jeunes filles déscolarisées, d’être formées au sein de ces ateliers. Aujourd’hui, l’association reçoit même les stagiaires du CFPA pour un stage pratique au sein de ses ateliers.
Pour les femmes dont la chance de sortir de leurs foyers pour gagner leur vie ne leur a pas encore souri, l’association leur offre la possibilité de travailler à domicile.
Car avec El Ghaith, nul n’est oublié. Surtout pas les enfants qui ont bénéficié d’une crèche à Guemour qui accueille une cinquantaine d’enfants de 3 à 5 ans. Financé par l’ambassade de canada ce projet a été lancé en 2007 avec le double objectif de permettre aux mères de disposer d’un peu plus de leur temps pour elles mêmes et de pouvoir « occuper» cette enfance souvent livrée à elle-même. Les animatrices de cette crèche sont rémunérées par le dispositif du pré emploi et du filet social. Un deuxième projet de crèche a été entamé dans la commune de Hasnaoua.
Voulant élargir ce type d’opérations au profit des enfants orphelins, El Ghaith n’a malheureusement pas pu réaliser son projet d’orphelinat à cause du refus de la Direction des Affaires Sociales DAS de la wilaya. « Ils nous ont dit qu’il ne revient pas à une association de s’occuper de ce genre de choses » nous dit Smail Izarouken, la mort dans l’âme.
Chemin faisant, les animateurs d’El Ghaith ont constaté que travailler exclusivement avec et au profit de la femme rurale ne suffit pas. Alors ils se sont lancés dans l’écoute des jeunes, notamment les adolescents, par le biais d’une « cellule de formation et d’information » en usant de tous les moyens de sensibilisation autour des différents fléaux sociaux notamment la violence scolaire, la drogue ainsi que des cours sur les droits de l’homme… Le projet a été entamé en 2006 et soutenu par la banque mondiale.
Hormis l’atelier de tissage qui a fait un break faute de débouchés dans la commercialisation du produit, les projets de l’association El Ghaith continuent leur chemin en amassant sur le passage d’autres perspectives. Des perspectives de secourir et d’apporter l’espoir. Comme l’indique son nom. |