C'est un accouchement banal, si l'on peut dire, qui a donné naissance à l'association des handicapés de Hassi R'Mel. Des personnes souffrant de différents handicaps se rendent compte que pour mieux se faire entendre, espérer quelques acquis, il leur faut un minimum d'organisation.
            S'organiser pour convaincre semble avoir été bien assimilé par les initiateurs de ce projet, à leur tête l'actuel président, Zohir Chaâbat-Dis. A la création officielle de l'association, une campagne de sensibilisation est lancée en direction des autorités locales et de la population. En parallèle, le bureau de l'association entame la mise sur pied de quatre comités chargés chacun de gérer un secteur d'activité : parents d'enfants d'handicapés, formation et emploi, sport et culture.
            Grâce au travail et à la persévérance de ces comités, quelques personnes handicapées ont pu trouver un emploi dans les services communaux et à Sonatrach, entreprise très implantée dans la région. C'est d'ailleurs vers cette même entreprise que se tourne l'association pour solliciter l’aide à chaque fois qu'elle veut célébrer les journées mondiale et nationale des handicapes (3 décembre et 14 mars) ou organiser des tournois sportifs, des excursions et des spectacles.
            Parmi les actions notables concrétisées par cette association aux 163 adhérents, l'ouverture d'une classe de cours pour enfants handicapés qu'anime une bénévole au chômage et qui accueille une trentaine d'enfants.
            A la sensation d'être enclavé quand on vit à Hassi R'Mel, entouré qu'on est par les complexes administratifs des compagnies pétrolières, les bases de vie des travailleurs, les stations de compression et de pompages de gaz et ces torchères qui ne s'éteignent jamais, l'association des handicapés se démène comme elle peut pour ouvrir des brèches dans ce voile étouffant. En six années d'existence, elle a réussi à tisser des liens avec la Fédération algérienne des associations des handicapés moteurs (FAAHM), l'association El-Amel de Berriane (Ghardaia), l'association des handicapés de Hassi Dellaâ (Laghouat), l'association Syndrome de Williams et Buren (Birkhadem, Alger), et compte bien ajouter d'autres noms à son carnet d'adresses.
            Ces liens tissés, et d'autres à établir, montrent combien est nette la conviction de l'association des handicapés de Hassi R'Mel que, si le recours à la wilaya, à l'Assemblée populaire communale ou aux entreprises économiques est nécessaire pour l'obtention de quelque aide matérielle, il demeure vital pou elle de s'intégrer dans le mouvement associatif en général pour informer de ce qu'elle fait, s'informer de ce que font les autres et, pourquoi pas, envisager des actions en commun.
            Ce mouvement associatif, Zohir Chaâbat-Dis y croit dur comme fer. "Les moyens humains existent. La volonté existe aussi", dit-il.
            Et quand les moyens viennent à manquer, le rêve et l'espoir les supplantent. Car sans espoir, c'est l'inertie, la passivité, l'échec et l'abandon de soi au néant de la fatalité.
            A Hassi R'Mel, dans cette agglomération qui ne ressemble ni à un village, ni à une ville, que ses habitants appellent à juste raison l'OPGI car constituée d'habitations en forme de cubes en béton où même les fenêtres sont condamnées et de quelques commerces vitaux, une agglomération déjà dépassée en superficie par le bidonville rampant dans ses alentours, l'association des handicapés ne se contente pas de rêver, d'espérer; elle projette. Elle voit grand. Elle veut un centre spécialisé avec des espaces pour la rééducation fonctionnelle, l'enseignement, le sport et le théâtre. Le foncier existe, inexploité. Reste…le reste.
            L'appel est lancé. Le rêve se conjugue à l'espoir, et les deux attendent. Demain, peut-être.