L’euphorie née suite à la révolte d’octobre 88 a vu la naissance d’une multitude d’associations à divers caractères. Dont une bonne partie activant dans le domaine Amazigh. Telle l’association Amusnaw.
Amusnaw en Berbère signifie « sage, connaisseur, savant ».
En se donnant ce nom, les fondateurs de cette association se sont tracés une trajectoire qui privilégie le travail de fond à l’agitation éphémère. Ed fait, depuis 1991, ils ne se sont pas écartés de cette ‘vocation’.
Amusnaw fera ses premiers pas en assurant des cours par correspondance de langue berbère. A un moment où le besoin en la matière se faisait pressant.
Mais très vite, c’est à un autre besoin que les animateurs d’Amusnaw se consacreront: former les cadres associatifs. Car conscients que sans formation, le mouvement associatif ne peut pas aller loin.
C’est à 1995 que remonte le premier projet de formation destinée aux cadres associatifs.
Depuis, les projets de ce genre s’enchaînent.
A partir de 2004, Amusnaw a rouvert grand ses portes par des idées nouvelles prometteuses à la région en installant une médiathèque.
Financée par la commission européenne, la médiathèque est un espace ouvert à tous où des cours et formations diverses sont dispensées. Avec un espace bibliothèque, probablement pour respecter sa devise du partage de savoir et garder sa valeur d’« amusnaw ».
C’est probablement le contact permanent avec les larges couches de la sociétés qui fait prendre conscience aux animateurs d’Amusnaw de la nécessité d’ouvrir un nouveau ‘front’: prendre en charge les victimes (femmes et enfants) de violences.
En collaborant avec « le collectif des femmes du printemps noir », une cellule d’écoute pour femmes et enfants victimes de violences (viol, pédophilie, inceste...etc.) a été montée avec le soutien d’une ONG américaine. Qui s’occupe, comme son nom l’indique, d’écouter les victimes, leur apporter une assistance psychologique et les aider dans diverses démarches pour reconquérir leur droit ou exiger réparation.
Mais de l’aveu même de la responsable du projet, M.Ferroudja, il est très difficile de se frayer un chemin dans un milieu où la femme a longtemps été une ‘malédiction’ pour la famille. Parce que la femme kabyle se doit d’être discrète et patiente devant tous les maux sociaux et pouvoir porter le fardeau de tous les tabous, très peu d’entre elles ‘osent’ briser la loi du silence.
Coté chiffre, la cellule d’écoute a reçu pour la seule année 2007, plus 230 cas de femmes et d’enfants violentés. Mais c’est très loin de la réalité.
Toujours dans la même optique, « le bus des droits humains », un projet lancé février 2007 grâce à un financement de la commission européenne.
L’idée est de sillonner, en compagnie d’animatrices, d’animateurs, d’encadreurs et de juristes, plusieurs localités au niveau national pour sensibiliser et faire connaître les droits de l’enfant et de la femme.
Par ailleurs, en 2007, Amusnaw a mené un projet sous le thème « comment mener un projet de compagne de sensibilisation efficace ». Aussi, en collaboration avec le collectif des femmes du printemps noir et Tharwa n Fadhma n Soumer, Amusnaw lance une formation sur le thème « plaidoyer à l’égalité des sexes », et un deuxième projet portant sur le contrat de mariage qui est un travail de sensibilisation, avec le soutien du Global Right. En outre un séminaire autour de la famille est prévu pour le mois d’octobre 2007.
Pour valoriser la richesse culturelle et environnementale de la Kabylie, Amusnaw, en collaboration avec le collectif des femmes du printemps noir, s’est lancé dans le projet « tourisme solidaire » pour développer des activités touristiques dans la région. Ce projet, réfléchi en collaboration du Forum Femme Méditerranée Marseille (FFMM) est financé par l’ambassade de France en Algérie.
Les animateurs d’Amusnaw ne se sont jamais à court de projets ou d’idées. Toujours plus innovants et surtouts utiles. C’est sans doute ce qui les rend incontournables dans la région.
Mais n’est-ce pas la vocation de la sagesse d’être utile et incontournable?
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