AFAK, c’est l’histoire d’un groupe de jeunes qui, en plein tourmente terroriste, ont décidé de défier la mort et de donner sa chance à la vie. Des jeunes qui ont cru en leur commune et à la nécessité de la sauver d’un terrorisme aveugle.
Le génie de R.Merchichi et sa ‘bande’ a été d’avoir compris que pour assécher le terreau dans lequel viennent ‘puiser’ les semeurs de la mort, il fallait occuper l’espace laissé vacant par l’Etat et offrir aux jeunes une autre alternative que l’embrigadement idéologique moyenâgeux. Pour ce faire, quel meilleur cadre que celui que permet une association?
C’est ainsi que naquit l’idée de lancer AFAK.
Ce volontarisme de départ et cette folle rage de vie resteront intacts et se transformeront au fil des ans en une espèce de bouillonnement dont AFAK puisera constamment sa sève et son énergie et qui fait que ses animateurs ne sont jamais à court d’idée, mais au contraire toujours à l’affût d’une idée neuve, d’un projet novateur ou d’un pari prometteur.
Ce caractère atypique de AFAK lui vaudra beaucoup de sympathie dans la société –surtout chez les jeunes- et quelques amitiés du coté des autorités. Sa première bataille sera celle de son agrément qu’elle mettra trois ans (1997 – 2000) pour l’arracher.
Vient tout de suite après celle d’arracher un local- l’actuel local – le viabiliser et le rendre fonctionnel.
Sans attendre le quitus de l’administration, la bande à Rabah se lance déjà dans l’activité en organisant une colonie de vacances à Sidi Fredj au profit des enfants victimes du terrorisme.
Baptême de feu réussi. La colonie sera un immense succès, ‘la fierté du groupe’ souligne Rabah.
1999, le groupe récidive en organisant un grand hommage au chanteur Matoub Lounès. D’ailleurs, les hommages et les commémorations occupent une place de choix dans les activités de AFAK. ‘Nous accordons beaucoup d’importance au travail de mémoire de lutte contre l’indifférence et l’oubli’ insistera Rabah.
Cependant, c’est suite au séisme qui a durement frappé Boumerdes en mai 2003 que AFAK connaîtra son véritable décollage. ‘Dans tout Si Mustapha, il n’y avait que deux lignes téléphoniques fonctionnelles: celui de la mairie et le notre. Ce qui a fait que notre local s’est transformé en centre de collecte et de transit des aides. Depuis, nous sommes devenus incontournables. En ce sens, pour nous, il y a l’avant et l’après séisme’ dira Rabah.
Après les jeunes, les femmes se sont vite rendues compte de l’opportunité qu’offre AFAK pour tenter de briser le carcan des mentalités rétrogrades qui les étouffaient jusque là. De fait, elles se sont données à fond. Sans rien attendre en retour.
Ce que AFAK leur a bien rendu puisqu’elle assuré des stages de formation en apiculture d’une durée de six mois pour plusieurs d’entre elles et les a aidées à monter une coopérative avec acquisitions de matériel (ruches, terrains…) ainsi que le suivi. A charge pour les bénéficiaires de ne pas rompre les amarres de la solidarité. Mais comment le pourraient-elles, elles que AFAK a aidées à vaincre les contraintes familiales et sociales et qui constatent aujourd’hui le résultat de leur lutte? Ce sont d’ailleurs elles qui assurent l’essentiel des activités de l’association. Particulièrement l’animation de la petite enfance où elles offrent, par des activités récréatives et d’apprentissage, aux enfants la possibilité de s’affirmer comme un individu, de s’exprimer et de s’épanouir. Mais également, la bibliothèque qui accueille les écoliers, collégiens et lycéens qui viennent préparer leurs examens.
Des cours de dessin, des séances de sport, des cours de théâtre et de musique, permettant à l’ensemble des enfants de canaliser leur énergie et de laisser exprimer leurs potentialités figurent également au programme de AFAK qui, pour élargir son champ d’intervention en ce domaine, envisage une convention avec le centre culturel de Boumerdes qui dispose de beaucoup plus de moyens. Notamment pour y transférer sa troupe théâtrale et musicale.
L’association AFAK, développe également un esprit de réseau avec d’autres associations de la wilaya de Boumerdes, plusieurs animateurs des différentes associations et maisons de jeunes de la wilaya ont participé à une formation pluridisciplinaire au niveau de AFAK et ce pour les préparer à mieux intervenir et agir au niveau des différents établissements et associations de la wilaya.
Coté difficultés, les animateurs de AFAK se plaignent des autorités ‘qui n’arrivent pas à se défaire de leurs réflexes d’embrigadement et qui conditionnent toute aide au degré do docilité des associations. ’ Ce qui les a conduits à procéder à la fermeture du siège de la mairie à 4 reprises. ‘Avec les autorités, c’est le bras de fer permanent’ dira Rabah. ‘Même pour le plus banal des droits, il faut recourir à la manière forte. C’est la seule langue que ces gens-là comprennent. C’est regrettable mais nous n’avons pas le choix pour activer. Voyez les associations proches du pouvoir, elles ont tout.’
Ces relations conflictuelles se traduisent par des subventions au compte goûtes: 100 000 DA en 2003 et 80 000 DA en 2007. Le reste du financement, AFAK est obligé d’aller le chercher ailleurs en utilisant le système D et en faisant jouer à fond la solidarité.
Aujourd’hui, AFAK est devenue incontournable à Si Mustapha. Son implantation dans les divers milieux sociaux est une réalité difficile à nier.
Cependant, son engagement en faveur de toutes les couches sociales pourra difficilement se poursuivre sans un soutien financier conséquent. Mais la relève existe ‘et ce qui nous pousse à l’optimisme’ conclura Rabah. |